Vers une révolution de la santé : la fin d'un modèle de
développement et l'émergence d'un nouveau (suite)
« Le
travail invisible »
Le travail est essentiel pour un adulte. Mais
accidents du travail, maladies professionnelles, amiante sont tabous.
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« L'épidémie
cachée » OIT décrit ainsi les décès annuels d'accidents du travail
(320000) et maladies professionnelles (2M), soit 5% du PIB mondial. Et encore
sous-estimé (65 pays sur les 185 de l'OIT). Travail = facteur de risque n°1
dans le monde.
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Une épidémie mondiale
évitable : l'amiante. Des millions de travailleurs risquent des
pneumoconioses par exposition professionnelle à silice, charbon ou amiante.
Malgré cela, 52 pays seulement ont interdit l'amiante et 2 M de Tonnes sont produites
chaque année. Et 40 ans plus tard, cancers de la plèvre et du poumon. Caractère
cancérogène démontré depuis 1955 ; mais lobbying de l'industrie de
l'amiante a retardé l'échéance de l'interdiction en France jusqu'en 1997.
Brésil, Inde et Chine (et d'autres) sont toujours libres de l'importer et de
l'utiliser : 125 M
de travailleurs en risque mortel et leur famille et leurs voisins. Liberté du
commerce !!!!
L'OMC souligne que le commerce « ne sera jamais aussi
important que la protection de l'environnement ou l'amélioration de la qualité
de la vie ». Manque la volonté politique de faire valoir ce droit.
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Les risques
émergents :
- troubles
musculo-squelettiques (TMS) ou « tendinites » surtout depuis 2
décennies
- risques
psycho-sociaux : suicides, expressions extrêmes de la souffrance psychique
au travail, dans tous les secteurs du monde du travail.
- conséquences
de l'organisation moderne du travail, le stress entraîne des comportements
nuisibles à leur santé, avec atteintes musculo-squelettiques, cardiaques et
digestives éventuellement graves, dépressions et burn out.
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Les
« ateliers de la sueur » actuels au Bengladesh et au XIXe siècle à
New-York. 1100 morts à Dacca en 2013, 146 à New York par fermeture des issues
de secours.
Telles sont les conditions de travail sans droits sociaux : 1
enfant de 5 à 14 ans sur 7 travaille dans ces situations de non-droit. Mais
l'UE ouvre son marché sans quotas ni droits de douanes et accepte de fait
« l'esclavage salarié » (pape François).
La mondialisation des
multinationales a créé un transfert des activités industrielles des pays riches
vers le ceux du Sud : précarité au Nord, esclavage au Sud... avec le
manque de volonté politique des gouvernements et de la Commission européenne
(textiles, démantèlement de navire amiantés, Ipods...). Nécessité pour les ONG
et les citoyen-ne-s de s'en mêler.
« Les inégalités nuisent gravement à la
santé »
Derrière le
comportement, le social :
- Obésité et
surpoids suivent un très net gradient social.
=> Fréquence double dans les classes
ouvrière, artisanale ou commerçante/ aux cadres supérieurs.
=> Le niveau
d'éducation, le niveau de revenus (3,5 fois plus dans les faibles revenus, 3,2
pour hommes et 18 fois pour les femmes à faibles niveau d'éducation).
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Diabète de type
2 : idem/ niveau d'éducation et de revenu
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Consommation
tabagique suit aussi un gradient social 34% chez les sans diplômes et 23% chez
les diplômés d'études supérieures
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Consommation
alcoolique suivrait un schéma différent : hommes professions libérales
consomment plus. Idem pour les 2 sexes avec revenus supérieurs. Mais le lien
social est un facteur protecteur déterminant contre l'alcoolisme,
indépendamment de tout autre facteur.
·
Inégalités
géographiques font synthèse des inégalités : gradient Nord-Sud pour
cancer, diabète et Obésité en France. Gradient Ouest-Est pour l'asthme. Idem à
l'échelle mondiale.
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Le PIB est-il
toujours source de santé ? Si richesse laisse entendre amélioration du
niveau de vie et donc de santé, le taux de cancer est dans le monde
proportionnel au PIB, signe du caractère aussi pathogène du développement
actuel. Développement permet de monter un système de santé... à condition de le
faire dans un cadre socialisé et non privatisé. Les US ont un système de santé
privé et dépense le plus / France et surtout au Japon … pour des résultats non
conformes aux montants des dépenses : mortalité infantile la plus forte
aux US, et espérance de vie la plus faible. Le Japon est plus performant que la
France du fait d'un taux de maladies chroniques plus faible
·
Le bilan santé
des 30 glorieuses :
la Sécu
après-guerre assurait principalement les accidents du travail (8% maintenant)
avec le modèle biomédical socialisé (partout sauf aux US et en Suisse où il est
privatisé).
Le système est
totalement curatif comme pour les maladies infectieuses (dominantes à
l'époque). La montée progressive des maladies chroniques restera invisible car
confondue avec le vieillissement et l'espérance de vie croissante pour la
génération née avant guerre.
La prévention
vise la protection de la mère et de l'enfant avec un grand effet sur la
mortalité infantile divisée par 4 en15 ans seulement. La volonté politique peut
donc être payante en matière de santé publique !!!!!
La médecine du
travail apparaît comme peu utile avec les deux grandes catastrophes
professionnelles : 40000 morts de silicose des charbonnages et autant de BCPO (broncho-pneumopathie
chronique obstructive) reconnues qu'en 1995. Et les 100000 morts dues à
l'amiante (bilan provisoire). Dans les 2 cas, privilège de l'emploi à la santé.
Bilan écologique médiocre dette des maladies chroniques léguée aux générations
futures.
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Les années
Thatcher et Reagan : néolibérales. L'Etat est le problème. Supprimer
l'Etat-providence.
Curieusement le PIB a cru 5 fois depuis 1950 et maintenant
en France on ne pourrait plus se payer le système ? Le modèle libéral a
débouché sur une crise financière et économique qui affecte la santé :
plus de précarité et de stress (+ 25% suicides et homicides) et moins de moyens
budgétaires pour la santé.
« Les
salariés reçoivent une plus petite part du gâteau » : ils ont perdu
10% du Revenu national dans les pays développés et 4% du PIB dans les pays
émergents. La productivité du travail croît plus vite que les salaires. Pour
les néolibéraux, c'est au bénéfice de la classe moyenne des pays émergents (pour
certains néolibéraux, la classe moyenne démarre à 2$/jour !!).
Coeff de Gini
mesure les inégalités (0 = égalité parfaite, 1 = inégalité totale) :
variations de 0,25 à 0,74 avec une augmentation des inégalités et création
d'une société en sablier (Lipietz 1996) avec baisse du poids de la classe
moyenne dans les pays de l'OCDE. Aux USA, en 30 ans sa part est passée de 61 à
51 % et la rémunération d'un PDG est passée de 30 fois le revenu moyen à 350
fois. Les bas revenus ont régressé. Donc masque de l'accroissement des
inégalités partout.
La création de la sécu en France 1950 est tout à fait
faisable dans beaucoup de pays du Sud. C'est un problème de volonté politique
de mieux répartir les richesses. La cohésion sociale suit et la santé non
soumise à la loi du marché aussi. Clé de voûte du modèle européen à condition
de passer d'une logique d'assurance maladie à celle d'une logique préventive
d'assurance santé, prenant en compte les maladies chroniques pour les faire
baisser en fréquence, en en longueur de traitements.
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