CONSEIL MUNICIPAL D’ORLEANS DU LUNDI 19 MAI 2014
VŒU DU
GROUPE FRONT DE GAUCHE
Le 14 juin 2013, la Commission européenne a obtenu mandat de
la part de tous les États membres pour négocier avec les États-Unis d'Amérique
le Transatlantic Free Trade Area (TAFTA) aussi appelé TTIP (Transatlantic Trade
and Investment Partnership ou Partenariat Transatlantique de Commerce et
d'Investissement).
Cet accord prévoit que les législations en vigueur des deux
côtés de l'Atlantique soient harmonisées pour faciliter le libre-échange, sous
peine de sanctions commerciales pour le pays contrevenant, ou d'une réparation
de plusieurs millions d'euros au bénéfice des plaignants.
Cet accord concerne des domaines aussi variés que l'accès
aux médicaments et les précautions sanitaires, le règlement des différents
privés-publics, le salaire minimum garanti, la qualité de l’alimentation et la
sécurité alimentaire, les services publics, la création culturelle, la
protection des consommateurs, les droits d’auteurs, l’épargne.
Avec cet accord, l'agro-industrie d'Amérique du Nord pourra
plus facilement écouler ses produits sur le marché européen. Mais c'est surtout
au niveau des mesures non tarifaires que l'accord va avoir le plus d'effets
négatifs. En effet les normes sociales, sanitaires et environnementales seront
interdites si jugées « déraisonnables, arbitraires ou discriminatoires ».
Cette libéralisation réglementaire, ferait voler en éclat
les normes sociales et environnementales appliquées en Europe et dans notre
pays. Le libre accès aux matières premières y est explicite : finie donc l'interdiction
d'exploiter les gaz de schistes, l'interdiction des OGM ne sera plus
possible...
Tous ces domaines seraient alignés sur des règles mondiales
édictées par les entreprises les plus puissantes pour augmenter leurs marges au
dépend des consommateurs et des salariés. Cet accord s’inspire de la
philosophie ultralibérale majoritaire en Europe, et si les gains attendus de
ces échanges sont flous, les risques sont bien réels.
Les négociations sont censées durer au moins jusqu'à fin
2014.
Or, concernant ces négociations, le mandat de la Commission
européenne a été tenu secret. L'extension du modèle nord-américain en Europe,
prévu par le TAFTA, est une remise en cause profonde de notre modèle de société
et un déni de démocratie. Les citoyens, les mouvements sociaux, les
parlementaires européens ou nationaux, n'ont pas accès aux informations sur les
négociations en cours. S’opposer à la privatisation de services, par exemple, pourra
être considéré comme une entrave à la liberté du commerce, la fameuse «
concurrence libre et non faussée ».
L'architecture juridique du TAFTA limiterait les capacités
des États et des collectivités territoriales à maintenir des services publics,
à protéger les droits sociaux, à garantir la protection sociale, à maintenir
des activités associatives, sociales et culturelles préservées du marché, à
contrôler l'activité des multinationales dans le secteur extractif ou encore à
investir dans des secteurs d'intérêt général comme la transition énergétique.
De plus, ce projet d'accord prévoit d'introduire de
nouvelles mesures relatives aux brevets, droits d'auteur, protection des
données, indications géographiques et autres formes de la dite « propriété
intellectuelle », faisant revenir par la petite porte ACTA (Accord commercial
anti-contrefaçon), refusé en juillet 2012 par les eurodéputés, suite à une
large mobilisation des citoyens européens.
Les élu-e-s d'Orléans, réuni-e-s en conseil
municipal ce Lundi 19 mai 2014 :
Dénoncent un
accord commercial conclu dans le plus grand secret par les Etats membres de l’U.E dont les conséquences
sont d’une gravité extrême contre la démocratie, contre le modèle social
français et les normes environnementales, sanitaires, culturelles et intellectuelles
qui protègent nos concitoyens,
Demandent la
diffusion publique immédiate de l’ensemble des textes relatifs aux négociations
du Traité, notamment
la publication du mandat de négociation que la Commission européenne s’est
elle-même donnée dans le plus grand secret et jusque là classé « diffusion
restreinte », ainsi que de toutes les expertises produites par chacun des
ministères sur les conséquences d’un tel marché transatlantique,
Demandent au
gouvernement français qu’il exige un moratoire sur les négociations engagées pour le grand marché
transatlantique,
Réclament l’ouverture
d’un débat national sur l’ensemble des accords de
libre-échange impliquant
la pleine participation des collectivités territoriales, des organisations
syndicales et associatives, des organisations socioprofessionnelles et des
populations,
Et décident
de déclarer Orléans en Zone hors TTIP
(Transatlantic Trade and Investment Partnership ou Partenariat Transatlantique
de Commerce et d'Investissement, autre appellation de ce Traité).
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