dimanche 30 décembre 2018

J’entends taper le seau sur le fond du puits


La Planète brûle et il n'y aura plus d'eau pour éteindre l'incendie


L’eau manque et pas seulement dans notre malheureux canal, honteusement sacrifié pour le plaisir de quelques-uns. La sécheresse est sans doute le corollaire désagréable à ce qu’on nomme réchauffement climatique pour flatter ceux qui sont frileux. Rien n’est jamais fait au hasard dans une société qui court à sa perte, ne changeant nullement de modèle alors que tous savent qu’il nous conduit à la destruction de l’humanité.


Que faire ? Seule une insurrection des consciences peut inverser le cours des choses. Nous savons que ceux qui détiennent le pouvoir, quels qu’ils soient du reste, ne sont que les représentants de commerce des grands groupes qui sont responsables de la catastrophe à venir. Aucune décision courageuse n’est à attendre des classes politiques. Leur goût du pouvoir et de l’argent les conduit immanquablement à se mettre au seul service de l’argent, contre la planète et la nature.


L’exemple récent du glyphosate, ce poison mortel prouve à lui seul que la raison ne l’emporte jamais. Il faut produire toujours plus, gagner toujours plus et nos charmants députés, oubliant leurs électeurs, se vautrent dans l’ignominie pour encourager encore une fois la destruction de la nature. Ce n’est pas nouveau, en 1936 par exemple, en plein front populaire, les mêmes interdirent les cépages qui résistaient aux maladies afin de favoriser la vente des produits phytosanitaires. On croit rêver mais c’est ainsi.


Nous marchons sur la tête, nous aussi du reste. Alors que le problème de l’eau est crucial au niveau de la Planète, les français quand ils tirent la chasse d’eau, envoient dans les égouts de l’eau potable. Aberrant, égoïste, honteux. Mais il n’est pas question de changer de modèle, les sociétés qui vendent de l’eau tiennent elles aussi les cordons de la bourse. Car l’eau est une valeur marchande, on croit s’étrangler !


Nous devrions tous disposer d’une double canalisation et pour l’arrosage, les toilettes et le ménage, de l’eau de pluie ferait largement l’affaire. C’est une simple question de choix politique. Inutile de dire que personne n’y songera avant longtemps. Veolia et la Lyonnaise perdraient trop d’argent et leurs actionnaires seraient fort mécontents.


Nos amis les agriculteurs devraient eux aussi disposer de réserves d’eau pluviale et non plus puiser joyeusement dans les rivières, les canaux et les nappes en toute impunité. Pire même, on déclasse les petites rivières avec l'assentiment des canailles qui font les lois pour permettre à la FNSEA, ce syndicat hideux, de poursuivre son œuvre mortifère.


L’eau, toujours l’eau dans les caddies des supermarchés. Des milliards de bouteilles plastiques, des dépenses absurdes, un gâchis monumental alors que l’eau du robinet devrait être notre seule source d’approvisionnement. Bien sûr, ce n’est souvent plus possible car les empoisonneurs des terres sont entrés en action depuis si longtemps, que la consommation de l’eau courante est parfois impossible. Là encore, les représentants ont laissé faire par ignorance peut-être, par lâcheté et vénalité le plus souvent.


L’eau toujours et encore avec les délires de nos municipalités qui veulent à l’instar du roi Soleil, des fontaines, des jets, des décors un peu partout. On méprise ce trésor, on l’utilise pour embellir les places. On n’a d’ailleurs aucune limite dans cet usage. Les citoyens ordinaires ne sont d’ailleurs pas innocents non plus. Le marché des piscines individuelles est à ce titre un délire au regard des enjeux naturels. Mais bon, le plaisir avant tout, la Terre peut bien devenir un désert, il convient de toujours se faire plaisir.


Tandis que le béton, le bitume, l’asphalte continuent eux aussi de gagner du terrain, envahissant des terres agricoles pour y mettre des centres commerciaux, des lotissements, des parcs d’attractions et tout ce qui montre la colonisation de la planète par une espèce qui se moque de la nature. Les eaux de ruissellement filent dans les canalisations. Les petites rivières se meurent, les puits sont à sec et dans nos villes, on enfouit systématiquement les rus et les ruisseaux. L’eau n’a pas droit de cité et pour le lui signifier, on la sacrifie allègrement. Alors dans ce contexte que sont deux ou trois éclusées sur notre canal désormais à sec. Rien que l’illustration par l’absurde de notre mépris absolu pour la source de toute vie. Ce monde est fou et l’espèce humaine est bien l’obstacle majeur à la survie de la Planète.
 

Aquatiquement vôtre.  ♥ Madame La Colline - Gilles SERVAT ♥ © symphonie22

C’est Nabum






L'eau au cœur des enjeux?

Conférence - débat, salle de la Cigogne à Orléans
le 1er février 2019 à 20h30 

 



lundi 17 décembre 2018

MARCHE POUR LE CLIMAT: prises de parole d'Eau Secours le Samedi 8 décembre 2018


 

Destinée à la Métropole:


1/ 850 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et c’est le cas de plus d’un habitant sur trois pour de nombreux pays africains. La solidarité mondiale face aux dégâts du réchauffement climatique doit et peut s’exprimer dans ce domaine vital. Les collectivités peuvent donner jusqu’à 1% de leur budget eau potable à des actions concrètes d’accès à l’eau. EAU SECOURS soutient cette idée : ceci pourrait représenter plus de 100.000 euros par an pour ORLEANS METROPOLE

2 / En France une loi interdit les coupures d’eau potable. EAU SECOURS s’est battue contre des coupures illégales, comme d’autres l’ont fait ailleurs.  Ces batailles ont permis de faire condamner une multinationale comme VEOLIA pour de telles coupures  illégales. 

3 / En Orléanais, c’est maintenant que se joue le devenir de notre service public d’eau potable. En effet, tous les contrats et marchés EAU et ASSAINISSEMENT prennent fin au même moment en 2023 et la suite se prépare dès maintenant.
ORLEANS METROPOLE a confié au privé l’étude d’un schéma stratégique pour l’avenir à 20 ans de ce bien commun EAU POTABLE.  Qui le sait et quand les citoyens usagers seront-ils consultés ?

EAU SECOURS fera tout pour que les citoyens, qui sont les payeurs, obtiennent la mise en place d’une forte régie publique, seule à même de garantir l’avenir face aux intérêts de grands groupes comme SUEZ et VEOLIA déjà bien implantés en Orléanais.  C’est ce que réclame la charte pour l’EAU BIEN COMMUN élaborée par EAU SECOURS

Nous avons conscience que seul un fort mouvement citoyen arrivera à imposer cette garantie d’avenir. 
C’est pour cela que EAU SECOURS, ATTAC, ICEO ont décidé d’organiser le Vendredi 1er Février une première réunion publique avec Thierry USO, responsable du groupe EAU au bureau national de ATTAC, membre actif de l’eau au niveau européen et acteur essentiel de la régie publique de la métropole montpelliérenne.

Venez-y nombreux pour en parler et lancer avec nous ce mouvement citoyen pour l’EAU BIEN COMMUN POUR TOUTES ET TOUS.  




Destinée à la Préfecture:


Quand on restaure le cours des rivières, quand on restaure les zones humides on augmente la biodiversité et on lutte efficacement contre le réchauffement climatique, et ça, c'est un des rôles des Agences de l'Eau.

Dans le Loiret, l'eau du robinet provient de nappes souterraines. On en dénombre 8, dont 7 polluées par les pesticides. La Nappe de Beauce est la plus touchée avec plus de 200 pesticides détectés.

Sans parler de l'interaction entre les pesticides dont la toxicité est non évaluée, on doit s'inquiéter car, parmi ces pesticides, il y a des perturbateurs endocriniens. Or, contrairement aux pesticides, on ne peut avec les perturbateurs endocriniens se référer à un taux de concentration dans l'eau en dessous duquel ces produits seraient "sans danger"... puisqu'ils agissent sur l'organisme à des doses infinitésimales.
Les femmes enceintes et les bébés sont particulièrement vulnérables à ces poisons.. mais en réalité tout le monde peut en être affecté.
Leur présence dans l'eau, ou ailleurs, est inacceptable et leur utilisation doit être totalement interdite.

Ces résultats sont la conséquence d'un système fou qui privilégie systématiquement la productivité au détriment de la santé des citoyens. Il est plus que temps d'inverser ces priorités!

Pourquoi ce discours devant la préfecture alors qu'on pourrait le tenir devant d'autres lieux de pouvoir...   parce que le Préfet représente l'Etat!
Or, l'Etat a de très lourdes responsabilités sur le manque de qualité des Eaux de toute nature et sur la mauvaise gestion de l'eau.

1°) par sa politique qui favorise l'agriculture conventionnelle, grande utilisatrice de pesticides et d'engrais de toutes sortes, grande consommatrice d'eau.
  
2°) par le détournement effectué par l'Etat d'une partie de nos factures d'eau destinée aux Agences de l'Eau, dont le rôle est d'améliorer la gestion et la qualité des eaux.  
L'Etat ponctionne en effet ¼ des ressources de ces agences, c'est un impôt déguisé!.. mais comme ça ne suffisait sans doute pas, il s'est désengagé en 2018 du financement de la Biodiversité, des Parcs Nationaux, de l'Office National de la chasse etc. etc... et a transféré tout ça aux Agences de l'Eau. Notre facture d'Eau sert ainsi à financer des secteurs entiers qui n'ont rien à voir avec l'eau.. On est bien loin du dogme "l'eau paie l'eau" instauré à la fin des années 90..

Les conséquences  de ces choix de l'Etat: les Agences de l'Eau passent une partie importante de leur budget à "réparer" les conséquences de l'agriculture conventionnelle tant sur la qualité de l'eau que sur sa gestion, avec un budget réduit, et c'est fait au détriment de la préservation des cours d'eau et de la protection des zones humides

Quand on restaure le cours des rivières, quand on restaure les zones humides on augmente la biodiversité et on lutte efficacement contre le réchauffement climatique, et ça, c'est de moins en moins le rôle des Agences de l'Eau.






lundi 19 novembre 2018

Pesticides: procès en sorcellerie?




Les articles ci-dessous sont tous extraits de la République du Centre du 17 novembre 2018

















Y a-t-il vraiment un commentaire à ajouter à ces déclarations qui manifestent. un déni total de la réalité...

...si ce n'est qu'elles sont à mettre en parallèle avec ces articles:
- du CNRS

- de France info

- de Santé magazine

- etc...etc.

On pourrait aussi par demander l'avis de l'association d'aide aux professionnels victimes des pesticides "Phytovictimes" https://www.phyto-victimes.fr/ dont vous trouverez ci-dessous la présentation








Festival d'Alternatives Alimentaires
mercredi 21 novembre
12h au parvis du théâtre     14h à la salle Eiffel





Le forum citoyen du Festival d'Alternatives Alimentaires sur l'accroissement des inégalités tant chez les producteurs agricoles que chez les citoyens a eu lieu à Semoy le 3 novembre.

Les débats ont été notamment nourris par les interventions d'Hélène BOTREAU d'OXFAM, par Florent SEBBAN de MIRAMAP, Jean-François BOUCHEVREAU et Natacha RICHARD de SOLIDARITE PAYSANS, Karine JAQUEMART de FOODWATCH et Richard RAMOS, député de la sixième circonscription du Loiret.
Tous ces acteurs ont montré que la pauvreté générée par l'industrie agroalimentaire n'était pas une fatalité et proposé des solutions variées. 


Ces mêmes multinationales qui ont créé l'OPENAGRIFOOD à Orléans pour tenter de montrer un masque plus avenant, prétendûment innovateur et préoccupé d'écologie et d'avenir remettent le couvert chaque année au théâtre d'Orléans. Cette année le mercredi 21 novembre.

En réalité, les innovations technologiques qu'elles mettent en avant pour continuer de rétribuer les actionnaires et les banques constituent un gaspillage énergétique, environnemental et humain autant indécent qu'absurde et profiteront bien peu aux paysans qui y survivront.


Les organisateurs du Festival d'Alternatives Alimentaires seront présents de 12h à 14h sur le parvis du Théâtre d'Orléans pour rappeler que les produits de qualité, du terroir, à l'origine identifiée, non « crackés » qui nous nourrissent et nous procurent le plaisir de la saveur et du partage proviennent d'une agriculture paysanne de proximité.
C'est elle l'agriculture de demain, qui doit être rémunérée justement et qui, parce que locale et à taille humaine, relèvera les défis écologiques du troisième millénaire.

Maurice Thibaut de Slow Food et du Festival d'Alternatives Alimentaires, Gilles MENOU de la Confédération Paysanne et un agriculteur, membre du GABOR prendront tour à tour la parole puis un buffet paysan sera offert à tous ceux qui viendront soutenir par leur présence cette agriculture paysanne.


A 14h à la salle EIFFEL, une conférence : Vivre de son métier, des paysans heureux » avec Jean-François BOUCHEVREAU et Nicola HAUBERT, agriculteur, de SOLIDARITE Paysans ainsi que Michel DURU, agronome-chercheur de l'INRA.





jeudi 15 novembre 2018

L'eau de Vittel: de l'or pour Nestlé!




Dans son édition du 31 octobre 2018 le Canard Enchaîné a publié un article au titre évocateur: "Nestlé assoiffe Vittel" qui montre clairement comment les intérêts de la multinationale priment sur ceux des habitants de Vittel et des communes environnantes..




Pour comprendre comment la CLE (Commission locale de l'eau), des élu-e-s et le Préfet ont pris la décision scandaleuse de privatiser une ressource en eau, bien commun, au seul bénéfice de Nestlé, voici un article très détaillé de Reporterre paru en mai et complété en juillet 2018.

















samedi 10 novembre 2018

Future usine du Montargois : quand la dépollution de l'eau potable permet aux trusts d'étendre leur toile





La République du Centre - le 3 novembre 2018




D'une part, la mise en place de cette usine de traitement de l'eau gérée par Suez lui permet de mettre la main sur les régies municipales ou intercommunales environnantes, pénalisées par l'absence délibérée d'ingénierie publique au service des communes rurales.

D'autre part, le choix d'une dépollution coûteuse de l'eau de ses résidus des pratiques agricoles intensives esquive le problème de fond qui est la restauration de la qualité des eaux par l'interdiction ou  une réglementation plus drastique concernant engrais, pesticides et herbicides... 
... ou quand Bayer, Monsanto et Avril sont les meilleurs amis de Suez, Veolia et consorts...





Grand rassemblement festif à Orléans le 21 novembre

- à partir de 12 h sur le parvis du Théâtre
- à partir de 14h à la Salle Eiffel 








lundi 24 septembre 2018

Débat sur l'urbanisation le 28 septembre, Bio en Fête le 30 septembre



Urbanisation au service de toutes et tous le vendredi 28 septembre à 18h30, salle Yves Montand, 1 rue Charles Perrault, 45000 Orléans 

Eau Secours et  la FRA (Fête des Résistances et des Alternatives) vous invitent à la soirée-débat “Urbanisation au service de toutes et de tous” centrée sur les projets de la Métropole et à laquelle participeront:
- Laurent Richard, pédologue
- l’association Riverains Val Ouest (RVO)
- l’association Pôle Nord
- l’association pour un Site Protégé entre Loire et Forêt 45 (SPLF 45)
- le Collectif des Riverains de la Rue des Murlins (CRRM)





Fête du Bio à Saint-Hilaire-Saint-Mesmin le dimanche 30 septembre à partir de 10h à la ferme des Perrières

Pour ses 10 ans l'association le Coquelicot organise une fête de l'agriculture bio à laquelle sont conviées des producteurs et des associations, dont Eau Secours. 





mercredi 29 août 2018

Assises de l'eau: les agences de l'eau pressurées par l'Etat - Eau Secours à "Rentrée en Fête", la fête des associations d'Orléans




La première séquence des Assises de l’eau a été conclue, ce 29 août, par le Premier ministre Edouard Philippe. Les agences de l’eau, dont le budget est en baisse, sont largement sollicitées pour financer la modernisation des réseaux.






Rentrée en fête


La fête des associations d'Orléans, Rentrée en Fête, aura lieu le dimanche 9 septembre.
Eau Secours y tiendra de 11h à 19h un stand, le C24, qui est situé place du Martroi (cf. plan ci-dessous) 

Vous y serez les bienvenu-e-s.








vendredi 24 août 2018

En Bourgogne, le micmac aquatique d’Etais-la- Sauvin



LE MONDE | 20.08.2018
Par Henri Seckel 



En Bourgogne, le micmac aquatique d’Etais-la- Sauvin

Depuis près de deux ans, les habitants de la commune vivent sans eau courante. En cause : une présence trop importante de pesticides dans la nappe phréatique.

On peut manifestement vivre sans eau courante, les 840 habitants d’Etais-la Sauvin y parviennent depuis bientôt deux ans. Il y a bien de l’eau aux robinets de ce village de l’Yonne situé à 40kilomètres au sud d’Auxerre, mais on n’a pas le droit de la consommer, ordre de la préfecture, qui a donc contraint la mairie à fournir de l’eau en bouteille en quantités industrielles. Evidemment, cela complique un peu l’existence.

Au seul restaurant du bourg, le patron dilue son pastis dans de la Cristaline, fabrique ses glaçons avec de la Cristaline, fait bouillir sa potée auvergnate, spécialité de la maison, à la Cristaline. A la boulangerie, éclairs et mille-feuilles sont préparés à la Cristaline. Dans les foyers, on lave la salade à la Cristaline, la tétine du bébé aussi, et les enfants prennent des douches plutôt que des bains, pour éviter d’ingurgiter trop d’eau courante.

Impossible, pourtant, de faire respecter l’interdit préfectoral à 100 %. A l’Ehpad, les 70 résidents avalent une soupe à la Cristaline, mais ceux atteints d’Alzheimer oublient qu’on leur a dit de ne pas boire l’eau du robinet. Dans les jardins, on ne peut pas remplir les piscines gonflables de Cristaline, alors, quand les bambins boivent la tasse, c’est de l’eau courante. Quand on est lassé de se laver les dents à la Cristaline, on les rince normalement, même si c’est défendu.

De toute façon, une bonne partie des citoyens d’Etais passent outre la consigne de la préfecture, à commencer par le premier d’entre eux : « Moi, j’ai toujours bu l’eau du robinet », dit fièrement M. Le Maire, Claude Macchia, qui n’a pas l’air particulièrement mal en point du haut de ses 71 ans. Et qui, aujourd’hui, ne prend pas de risque, car l’eau courante, interdite à la consommation, est en fait… potable. Voilà où l’on en est de cet absurde micmac aquatique au cœur de la Bourgogne, à mi-chemin entre querelles de clochers dérisoires et enjeux sanitaires, commerciaux et sociétaux majeurs.


Enjeu hautement symbolique

Point de départ de cet imbroglio d’une complexité formidable : le 16 octobre 2016. Une analyse de la nappe phréatique d’Etais-la-Sauvin, menée par l’Autorité régionale de santé (ARS) de l’Yonne, y révèle la présence trop importante de plusieurs pesticides, notamment le métazachlore, utilisé pour la culture du colza. Principe de précaution : la préfecture interdit dès lors la consommation de l’eau – uniquement pour les femmes enceintes et les nourrissons par périodes, pour toute la population la plupart du temps.

Que faire ? Construire une unité de traitement pour assainir l’eau de la nappe phréatique ? La municipalité n’en a pas les moyens. Se raccorder à la Fédération des eaux Puisaye-Forterre, réseau local mieux équipé qui alimente déjà 27 communes alentour ? Hors de question pour le maire de renoncer à sa ressource, garantie d’une eau à un prix imbattable, et enjeu hautement symbolique : « Notre réseau date du début des années 1960. Avant, on devait tirer l’eau du puits, et on se lavait dans un grand bac, à l’éponge. La première douche que j’ai prise, j’avais 14 ans, j’en aurais pleuré ! Mon pépé et mon frère ont fait les tranchées à la pioche pour mettre l’eau ici, et aujourd’hui, tout est balayé d’un coup de crayon. Ça fait mal. Nous avons toujours eu de l’eau saine, et maintenant nous sommes pollués par les pesticides. »

Ces pesticides, assure Claude Macchia, proviennent « à 98 % » de chez un certain François Durand : « C’est un agriculteur qui habite sur la commune voisine, dans le département de la Nièvre [une route tient lieu de frontière avec l’Yonne]. Il traite ses champs, en toute légalité certes, mais ses eaux arrivent dans notre captage. C’est aussi simple que ça. »

Il suffirait donc de le convaincre de passer au bio, ou d’envoyer l’eau de ses champs ailleurs ? « Mais ça ne vient pas de chez moi, répond calmement François Durand. Le maire se trompe de cible, j’en ai assez de cette instruction à charge. » L’agriculteur estime qu’il paie la « jalousie » que suscite son vaste domaine, et le fait qu’il ne soit pas Etaisien : « C’est plus simple d’incriminer quelqu’un d’ailleurs. » Il a « la preuve absolue » que ce n’est pas lui : « Une étude a été confiée en 2017 à la chambre d’agriculture de l’Yonne pour déterminer l’origine des pesticides. Pourquoi les résultats n’ont-ils jamais été publiés ? »

Ils le seront le 18 septembre, assure-t-on à la chambre d’agriculture où, en attendant, on estime que « M. Durand ne peut être tenu pour unique responsable. L’ensemble des parcelles situées sur le bassin d’alimentation du captage est concerné par un risque de transfert, vers l’eau du captage, des molécules utilisées par les agriculteurs. » Traduction : dans la nappe phréatique d’Etais-la-Sauvin arrive aussi l’eau des champs de plusieurs agriculteurs d’Etais-la-Sauvin qui utilisent du métazachlore. Or, six agriculteurs siègent au conseil municipal du village. Ainsi, et l’ubuesque confinerait là au scandaleux, il n’est pas impossible que des élus d’Etais-la-Sauvin « polluent » l’eau d’Etais-la-Sauvin…


« Sujet qui fâche »

« On évite d’en parler au conseil municipal, c’est un peu le sujet qui fâche, admet Nicolas Gauthier, l’un des six agriculteurs élus – pas sur la liste du maire, en ce qui le concerne. La première fois qu’on a entendu parler de ça, je me suis dit que nous, les agriculteurs, allions sûrement avoir des problèmes, qu’il y aurait des parcelles qu’on n’aurait plus le droit de cultiver, etc. Mais non. On nous a dit : c’est en vente libre, c’est légal, vous pouvez continuer à travailler. »

« Vu les doses détectées par les analyses, ça ne peut pas être que Durand. On pollue notre eau nous-mêmes ! », s’étrangle Rémy Moulin. Cet agriculteur bio, qui ne siège pas au conseil municipal, a un jour suggéré que tout le monde abandonne les pesticides, afin de retrouver une eau saine :
« Je n’ai reçu que des sourires moqueurs, et un agriculteur qui est un élu m’a dit : “T’as qu’à faire comme nous, bois du rouge.” »

Bannir les pesticides : seul l’Etat pourrait prendre cette décision compliquée, contraire aux intérêts économiques des agriculteurs – rendement moindre – et, à plus grande échelle, de la France – exportations moindres –, sans même parler de ceux de l’industrie phytosanitaire. « D’accord, mais enfin, il faut savoir quelle société on veut, soupire Philippe, Etaisien depuis une vingtaine d’années. Une autre agriculture doit être possible. C’est important l’eau, quand même, non ? »

Ça l’est tellement que Claude Macchia a tout de même fini, à contrecœur et contraint par la préfecture, par accepter d’être raccordé au réseau de la Fédération des eaux Puisaye-Forterre, le temps de trouver une solution pour débarrasser son captage des pesticides. Depuis début juillet, une eau certifiée conforme par l’ARS arrive donc au robinet des habitants. Qui n’ont pourtant toujours pas le droit de la boire.

Le problème se niche cette fois dans les tuyaux vétustes du réseau d’Etais-la-Sauvin. Plus de la moitié de l’eau (propre) qui y circule se perd dans la nature en raison de fuites, à cause desquelles « la fédération n’est pas en capacité d’alimenter Etais à 100 % », assure la préfecture, car, « si la fédération alimentait Etais en totalité, ce sont les communes en bout de réseau qui n’auraient plus de pression à leur robinet ». Dans ces conditions, la préfecture redoute que le maire ne rouvre les vannes de son eau au métazachlore, et maintient donc son interdiction.

De son côté, la Fédération des eaux Puisaye-Forterre dément : « On peut sans problème alimenter Etais à 100 %. C’est un argument que met en avant la préfecture pour faire pression sur la commune d’Etais. » A savoir l’obliger à refaire sans traîner ses 40 kilomètres de tuyauterie souterraine, voire à renoncer à sa souveraineté sur la gestion de l’eau – qu’il faudra de toute façon abandonner en 2026. Claude Macchia promet que les travaux seront bouclés avant 2019. Cela mettrait fin à une situation qui, pour saugrenue qu’elle soit, n’est pas unique : selon l’ARS, « une quinzaine de communes sont concernées par des interdictions d’eau », rien que dans l’Yonne. Où l’on n’a pas fini de boire de la Cristaline.