Vers une révolution de la santé : la fin d'un modèle de
développement et l'émergence d'un nouveau (suite)
« La contamination chimique généralisée »
40 ans pour passer de "pas d'entrave à la concurrence" avant 1967 au règlement
REACH en 2007 afin « d'améliorer la protection de la santé humaine et de
l'environnement », mais en « maintenant la compétitivité et en
renforçant l'esprit d'innovation » : le fabriquant doit démontrer
l'innocuité du produit tant sur la santé humaine que sur l'environnement selon
le « principe de précaution ». L'Europe est la plus avancée au
monde : 3000 substances évaluées au moins partiellement sur … 143835
déclarées !!! conséquence du laxisme durant des décennies.
·
Une production
mondiale multipliée par 500 depuis 1930 : Le PNUE (Programme Nations Unies
pour l'Environnement) estime le coût sanitaire liés aux produits chimiques à
4,9M de décès par an, sans doute très en dessous de la réalité du fait du tout
petit nombre de substances prises en compte.
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Un chiffre
d'affaires de la chimie multiplié par 24 en 40 ans. Un déplacement de l'OCDE
vers les BRIICS de cette « intensification chimique » du fait du remplacement
des matières naturelles dans les usages domestiques (cosmétiques, additifs,
engrais, pesticides et plastiques)
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des nanomatériaux
et composés halogénés (polybromés, perfluorés)
·
des composés
métalliques en électronique
·
utilisation en
agriculture : Engrais minéraux et pesticides (88%) en complément des OGM
(Afrique du Sud, Brésil où plus de la moitié de la surface est en OGM
·
utilisation en
industrie textile : Chine (42% de la prod. mondiale) d'où contamination
généralisée de l'eau par alkylphénols, perturbateurs endocriniens des lessives
(encore présents dans les textiles)
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Utilisation dans
les ciments (Chine et Inde) : métaux lourds
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Industrie
électronique : obsolescence rapide des produits. 80% des déchets européens
et d'USA ne sont pas comptabilisés et finissent dans l'environnement.
Une contamination
planétaire :
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pesticides
principalement agricoles
·
métaux lourds du
ciment, démantèlement de navires, des tanneries, et du textile
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les dioxines
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le butyl-étain
des peintures pour bateaux et substance obèsogène
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l'amiante
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teintures
mutagènes
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équipements
électroniques émettant métaux, solvants, polymères et retardateurs de flamme
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les persistants
et bioaccumulables largement dans la faune en bout de chaîne alimentaire
·
d'autres non
persistantes - bisphénol A- contaminent l'écosystème en débris microscopiques
(Océans indien et Pacifique).
Une contamination
généralisée des populations humaines : sur 212 substances analysées / des
populations US et Canadienne, perchlorate, mercure, bisphénol A, divers
perfluorés et polybromés sont retrouvés dans plus de 90% des échantillons. En
France, sur 42 biomarqueurs testés certains sont retrouvés en plus fortes doses
qu'aux US et Allemagne : PCB, paradichlorobenzène et pyriéthrinoïdes.
Certes traces mais aussi effet cocktail.
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Des pandas et des
hommes : lien entre cancers, dysfonctionnements du système immunitaire et
troubles de la reproduction avec exposition aux dioxines et PCB. Après leur
interdiction, ils ont régressé dans l'écosystème, mais les retardateur de
flamme bromés ont pris la place. Cas des perfluorés, revêtements antiadhésifs
des matériels de cuisine et cartons de pizza, dans textile antitache et
anti-hygrométrie : se retrouvent dans les eaux de surface (à 95%) et les
nappes phréatiques (15%)... dans les océans, les précipitations (pluie et
neige) et au sol, dans l'alimentation. Les traitements des eaux (filtration et
ozonisation) ne semblent pas efficaces. D'où aussi dans le sang de tous les
américains testés et des espèces animales, sous toutes latitudes, des ours
blancs et des pandas. On est tous contaminés. Ces perfluorés sont des
perturbateurs endocriniens : plus croît la contamination, plus la qualité
du sperme baisse et elle peut atteindre la stérilité. Ces perfluorés sont des
cancérogènes et des obésogènes. Leur impact est transgénérationnel :
l'exposition pendant la grossesse se traduit par une baisse de la qualité du
sperme chez les garçons et un taux plus élevé d'obésité chez les filles.
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La chimie est le
problème, mais aussi la solution. La chimie verte vise à la protection de
l'environnement et de la santé. Elle intervient aussi dans la décontamination
de l'environnement. Coût annuel de traitement des effluents agricoles et
d'élevage dans l'eau estimé à 54 Mds€ et celui de la dépollution des eaux
souterraines à 522 Mds€. D'où un défi pour la chimie d'innover pour intégrer la
protection de la santé, de redéfinir sa place dans l'agriculture, dans la
conception des plastiques, dans la remise en cause de l'obsolescence
programmée.
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L'enjeu de la
médecine environnementale. Défi médical aussi : supprimer les sources
d'exposition aux toxiques et réduire la contamination des personnes :
l'abandon des victimes de l'amiante et du chlordécone est intolérable.
Détoxification des victimes mais aussi amélioration de leur environnement pour
éviter par effet cocktail une surcharge de toxicité. Obtenir une réversibilité
des modifications de l'épigénome, un vaste champ de recherche pour l'industrie
pharmaceutique, l'enjeu du développement d'une médecine environnementale dans
le domaine de la détoxification. Depuis 20 ans, en Allemagne, ce concept est
développé et fait partie de la formation des praticiens.
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Nécessité du
Organisation mondiale de l'environnement. La Convention de Stockholm en 2001 ne
concernait que 12 Polluants Organiques Persistants (POP) puis le chlordécone,
un perfluoré (PFOS) et des polybromés. La Convention de Rotterdam permet à un
pays de faire le tri entre les produits même dangereux qu'il peut gérer et ceux
qui ne pourraient pas l'être : mais seulement 22 pesticides et 5 produits
chimiques. Mais très sujet à lobbying (ex chrysotile). Evolution bien trop
lente. Proposition de transformer le PNUE en OME, mais en vain (à cause d'USA
et pays émergents). Rôle que l'Europe devrait jouer dans le sillage de REACH.
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