Vers un nouveau paradigme :
Organisation
de l'ignorance : mise en œuvre, par une société, « des mécanismes lui
évitant de prendre en compte les risques qui la concernent ». Malgré le
diagnostic, la réalité de la pandémie et de ses répercussions sur les générations
futures, quels sont les freins à la lutte contre la pandémie de maladies
chroniques ?
· Élimination
volontaire des preuves, discrédits
des études qui dérangent, corruption d'experts influents, biais du travail
scientifique, neutralisation des lanceurs d'alerte, défense d'indicateurs de
risques insuffisants, en connaissance de cause.
·
Formatage, par
les responsables, des modes d'appréhension des risques sanitaires reposant sur des données scientifiques dépassées,
les données récentes, conforme au nouveau paradigme scientifique, ayant été
écartées comme « infondées » par les tenants de l'ancien paradigme
au pouvoir en place. C'est ce qui se passe sur le plan des maladies
environnementales liées aux perturbateurs endocriniens et transmissibles aux générations
suivantes par mutation épigénétique.
·
Changement de
paradigme en santé publique :
Comportement individuel privilégié par les responsables sanitaires de l'OMS
face à l'Environnement de la responsabilité sociétale. La pollution est un
facteur occulté, alors qu'un « pourcentage important des 12 millions de
cancers annuels est dû à des expositions environnementales ou
professionnelles ». Soit 8,3% des décès annuels... a minima. Et la
co-exposition accroît les risques de cancers : tabac + radon = risque
cancer poumon x 2 à 4, tabac + amiante = risque cancer poumon x 8 par rapport
au fumeur non-amianté et x 92 par rapport au non-fumeur-non-amianté.
Risque
avéré ou risque probable : les Cancérogènes,
mutagènes et toxiques pour la reproduction
(CMR) ne sont pris en considération par la
politique de santé publique que s'ils ont un effet avéré sur l'homme. L'éthique
voudrait que des signaux d'alerte validés servent à la prise de décision
politique. En outre les classifications reposent sur une approche substance
par substance sans interaction avec d'autres facteurs et la mutagénicité est le
seul mécanisme d'action pris en compte dans les « bonnes pratiques de
laboratoire » ce qui veut dire que seule la génétique est en cause (selon
l'état des connaissances des années 60 !). L'exposition du fœtus durant la
grossesse peut être déterminante.
Enfin les seules données épidémiologiques
sont prises en compte alors que les données de l'expérimentation sur l'animal
ont une grande similitude avec celle sur l'homme et devraient servir d'alerte
pour éviter les prises de risques sur la santé publique. (particules Diesel
dans les véhicules et perchloréthylène pour nettoyage à sec). La santé
publique doit privilégier l'environnemental dans l'avenir
·
Perturbateurs
endocriniens, nanomatériaux, champs électromagnétiques, OGM …, des exceptions
qui confirment la règle. La mise en
évidence scientifique, par Theo Colborn, de la perturbation endocrinienne chez
les animaux et chez l'homme remonte à 1991.
Le site TEDX (« propagateur d'idées » dans plusieurs domaines dont la science) compte maintenant 870
substances. « la probabilité est élevée qu'un enfant né aujourd'hui ait
été programmé avec un ou plusieurs troubles de son système endocrinien et que
la faune terrestre et marine continue de décliner ».
Santé de l'homme et
santé de l'écosystème, même combat. « Le système endocrinien est essentiel
à la vie : il contrôle le développement, la croissance, la reproduction,
le comportement, l'énergie et l'immunité des animaux et des humains ». En 2009, l'Endocrine Society
formalisait le changement de paradigme des perturbateurs endocriniens en
5 points : l'âge d'exposition et notamment la gestation, le délai long entre
l'exposition et ses effets, les interactions entre substances chimiques, la
relation dose-effet (effet plus fort à faible dose),
effets latents à long terme voire trans-générationnels. Les tests actuels sont
inadéquats. Les perturbateurs endocriniens sont une « catégorie
spécifique » et l'importance du principe de précaution : substances
sans seuil de toxicité et à très fort effet cocktail. Eléments majeurs de la crise
sanitaire humaine et animale.
Les stress environnementaux engendrent aussi des
maladies de l'hypersensibilité, à considérer aussi dans un nouveau paradigme.
Les nanomatériaux se dispersent dans l'organisme et engendrent des stress
oxydants et des inflammations impliquées dans le développement de cancer. Les
champs éléctromagnétiques, non évalués, ont un effet fenêtre et amènent à
certains cancers. L'extrême sensibilité des enfants et surtout des fœtus est
avérée. De même les OGM n'ont pas été évalués en vertu du principe
d'équivalence, pour ne pas se poser de question, ce que dénonce Séralini.
·
La fin du tout
génétique : plasticité du
développement durant la phase fœtale dans les mécanismes du contrôle de
l'expression des gènes et de l'induction des phénotypes spécifiques en
l'absence de modification de gènes. Modifications épigénétiques transmises au
niveau cellulaire d'une génération à l'autre et notamment sur les cellules
germinales. Très peu de maladies peuvent s'expliquer par un gène déficient.
L'épigénétique se redécouvre et contrôle la lecture des gènes. Les origines
développementales des maladies de l'adulte : exemple des obésités
d'adultes dont les mères ont été sous-alimentées durant la grossesse.
L'environnement chimique entraîne une
méthylation d'un gène qui en bloque l'expression :
métaux (Cd, As, Ni, Cr, méthylmercure) solvants (trichloroéthylène, C6H6),
polluants athmosphériques (particules fines), perturbateurs endocriniens
(distilbène, bisphénol A), polluants organiques (dioxine). Mais aussi environnement
social, stress et mode de vie : alimentation, obésité, activité physique,
tabagisme, alcool, stress psychologique, travail de nuit. Impact sur le
comportement sexuel : le maternage masculinise les filles et un défaut de
maternage est corrélé à une puberté précoce. La vinclozoline, pesticide en
viticulture, a encore un effet à la 4ème génération de rates. Chez l'humain, le
niveau de méthylation dans le sang de cordon ombilical est associé à
l'adiposité à l'âge de 9 ans (25% de la variance). Le vieillissement est sous
dérégulation épigénétique qui conduit à une expression altérée des gènes
impliqués dans la croissance et la différenciation des cellules et donc à des
cancers et maladies auto-immunes. Les gains de santé sont bcp plus élevés si on
cible la protection de l'embryon et du foetus, au lieu de corriger (a
posteriori) le comportement des adultes.
·
Bisphénol A,
BPA, médicament raté et plastique à succès, mais toujours hormone de synthèse : les connaissances, acquises depuis plus de
deux décennies, permettent de comprendre la part importante des perturbateurs
endocriniens dans l'épidémie de maladies chroniques dans le monde. Le BPA en
est un exemple. C'est une hormone de synthèse dès 1930, mais aussi dans les
années 1950 un plastique monomère capable de se combiner à lui-même pour créer
un polymère, le polycarbonate. Il va être utilisé dans les biberons à cause de
sa transparence, sans tenir compte de sa toxicité. Il est utilisé aussi, dans
les années 70, en revêtement de boîtes de conserve et de boisson et contamine
la quasi-totalité de la population mondiale, y compris les nourrissons. Dans
les années 2000, il est incorporé aux céments dentaires. Sous conditions de
température, acidité, vieillissement des matériaux, il peut se dépolymériser et
se répandre sous forme libre dans l'Environnement : contamination des
poissons et mollusques, des abats, des papiers thermosensibles des tickets de
caisse. D'où une contamination générale et une incertitude sur les sources
personnelles de contamination !!!!! 93% des urines testées ont des niveaux
quantifiables de BPA d'autant plus fortement que le patient est modeste, femme
et jeune, prématuré (atteint par dispositifs médicaux!). Il est repéré dans le
lait maternel chez des femmes de très nombreux pays. Un toxique aux multiples
facettes : une activité oestrogénique, avec des effets significatifs à
faible dose, voire à doses inférieures à la dose journalière admissible des
agences de sécurité sanitaire ! (mais les études des industries chimiques
utilisant une souche de rats peu sensible aux oestrogènes ne constataient
évidemment pas cela !).
Similitude de réaction chez l'humain et chez
animal de labo aux faibles doses de BPA : augmentation cancer du sein et
de prosptateanomalies urogénitales chez garçons, déclin de qualité du sperme
chez l'homme, puberté précoce chez filles, diabète insulino-résistant, obésité,
hyperactivité, déficit d'attention. Preuve de l'épigénétique par le BPA :
la méthylation du gène Agouti transforme le pelage de la souris de brun en
jaune par exposition in utero. La teneur en folates du régime alimentaire rend
brun à nouveau le pelage des descendants … et corrige l'épigénome ! Le BPA
a été retiré des crèches, puis des contenants alimentaires. Les politiques
peuvent prendre leurs responsabilités et ne pas se réfugier derrière
l'incertitude scientifique.
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