Riccardo Petrella
animera
le 11 mars à la médiathèque d’Orléans à partir de 20h30 une conférence débat: “Au nom de l’Humanité,
l’audace militante."
Vous y êtes cordialement invité-e-s
LE
MUR DE L’EAU
(4è partie)
La négation du droit humain à l'eau
Document de
recherche de l’IERPE
Rédigé par Riccardo Petrella
Novembre 2015
3. Une proposition
Le mur doit et peut être abattu. Il ne s’agit pas
d’une action dans le court terme car, pour émietter les matériaux sur lesquels
il a été construit, il faut faire
tomber une série d’éléments fondamentaux
de l’architecture actuelle de la “maison européenne ». On peut, à mon
avis, démolir graduellement le mur si une partie des représentants élus au
Parlement européen, ensemble et avec le soutien d’élus nationaux, régionaux et
locaux, organisait une véritable « guériglia constitutionnelle politique » pour sauver la démocratie européenne
et re-constitutionnaliser la société des droits et des biens communs publics en
Europe en partant notamment de l’eau.
Par
« guériglia » on entend souligner l’importance que le monde des élus
(au plan européen, des Etats membres, des régions dont les compétences
primaires en matière d’eau sont de plus en plus menacées, et des communes dont
la traditionnelle autonomie est en train de devenir un souvenir) intervienne quotidiennement
pour modifier les nombreuses (“petites”) dispositions législatives de nature
substantielle, organisationnelle et procédurale qui ont conduit à la
construction du mur. Un mur cimenté, comme on l’a vu, surtout par un système
monétaire et financier fondé sur une répartition des compétences et des
pouvoirs de plus en plus inégalitaire, à l’avantage des sujets technocratiques
et des intérêts des plus forts et au désavantage des sujets et des institutions
publics..
Nous proposons la
mise ne place d’un travail permanent et coordonnée de dénonciation et
proposition de modification des dispositions existantes en matière d’eau, des
semences, de l’agriculture paysanne et durable, sur les liens entre l’eau,
l’industrie agro-chimique et pharmaceutique et les marchés de la santé. Il
s’agirait de s’attaquer à l’inacceptable importance acquise dans les processus décisionnels par
de centaines de comités, agences, programmes vers lesquels l’UE a
« délocalisé » des fonctions-clé d’analyse, d’ évaluation et de gestion,
par exemple, dans le domaine de l’innovation technologique, de la
transition énergétiques, de la
compétitivité, de la promotion des PME, des start up et des “smart
cities” ; de la soi-dite lutte contre la pauvreté, des programmes culturels …Des pans entiers des
responsabilités de la Commission ont fait l’objet d’une mainmise directe par l’armée des « stakeholders » (« les porteurs d’intérêt »)
devenus les chouchous de nos classes dirigeantes La « démocratie des stakeholders » est la grande innovation
politique dont sont fiers les constructeurs actuels de l’Europe à la dérive.
(31) Le parlement européen est d’ailleurs une des principales victimes.
Intervenir avec détermination, compétence et rigueur, par des actions communes
aux différents niveaux territoriaux, permettrait certainement de réaliser des
modifications importantes au plan formel, réglementaire et de substance qui
pourraient ouvrir des brèches dans le mur et le reste de l’édifice. Les mouvements citoyens pourraient collaborer
en tant que “puits” de connaissances, d’expertises et d’expériences
généralisables. Ils seraient non pas au
service émietté et moléculaire, comme à l’heure actuelle, d’un tel ou tel autre
parlementaire et/ou groupe de parlementaires, mais d’interventions communes européennes
« trans-territoriales ».
Les lobbies des stakeholders économiques sont
puissants parce qu’ils forment des espèces de “syndicats” de compétences
et de connaissances. Les mouvements citoyens ne peuvent pas apporter aux
élus un soutien efficace important si les élus et eux-mêmes restent branchés sur leurs propres arbres.
Les changements structurels interviennent après de nombreuses années de
révolte, de luttes, de modifications des lois, des procédures et des
institutions. L'expérience historique nous dit que si des élus entamaient la guériglia avec
détermination et de manière coopérative, de centaines d'associations et des
milliers de citoyens se lèveront et deviendront les jambes dont on a besoin.
Tableau
Les dates clé de la construction du mur
Calendrier sommaire
Note
(31)
La « démocratie des stakeholders » est ce que les groupes dominants
appellent « la gouvernance ».
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