LE MUR DE
L’EAU
La négation du droit
humain à l'eau
Pour
une initiative européenne
de
la part du monde des élus
européens, nationaux, régionaux et
locaux.
Proposition de
l'Institut Européen de Recherche sur la Politique de l'Eau (IERPE) dans le cadre des
actions menées par l'Initiative Internationale "Déclarons
Illégale la Pauvreté" (DIP)
Document de recherche de l’IERPE
Rédigé par Riccardo
Petrella
Novembre 2015
Introduction
Par droit humain à l’eau
(universel, indivisible et imprescriptible) nous entendons l’obligation
reconnue de la part d’une communauté humaine organisée (dans nos systèmes
actuels, principalement l’Etat) de garantir à tout citoyen l’accès aux usages
de l’eau pour la vie, c’est-à-dire aux usages qui sont essentiels et indispensables
à la vie, une vie digne, pour toute personne et au vivre ensemble de toute
collectivité humaine, dans la justice et l’égalité face à ce droit. Par « eau pour la vie » nous pensons à
l’eau pour boire et les services hygiéniques,
pour l’agriculture pour l’alimentation, pour la santé, pour les
activités industrielles et énergétiques indispensables pour la sécurité
d’existence de la vie, et non seulement des êtres humains mais aussi des
écosystèmes. Ainsi, par exemple, l’eau pour les piscines, ou l’eau pour
l’agriculture industrielle à haute intensité chimique et énergétique pour les
marchés mondiaux rentables, voire pour la production de matériaux végétaux pour produire de l’énergie, ne font pas partie de l’eau pour la vie.
*
* *
Le 28 octobre 2015, le
Parlement européen a approuvé une
résolution sur l’Initiative des Citoyens Européens (ICE). (1) Au centre des débats la question de
l'efficacité de l’ICE en tant qu'instrument de démocratie directe
/participative au niveau européen. Les débats ont mis, surtout, en
évidence l'ampleur du fossé existant
désormais entre, d'une part, les
discussions qui ont lieu à ce sujet au Parlement européen et au sein des
institutions de l'Union Européenne et, d'autre part, la gravité
des dévastations sociales et humaines et la détérioration de la
démocratie en cours à l'échelle et au sein des Etats membres de l'Europe depuis
plusieurs années.
Les "dirigeants"
européens ont discuté de démocratie
européenne sans faire aucune référence à la démolition des biens et services
communs publics qui ont été à la base de la société des droits et de l'Etat du
welfare et, partant, des formes avancées de démocratie représentative. Pas de
débats non plus au sujet des liens négatifs entre les processus de marchandisation, privatisation et
financiérisation des biens et services
communs publics (processus dont les institutions de l'Union Européenne sont de
fervents paladins) et le fonctionnement réel de la démocratie. En particulier, la
privatisation du pouvoir politique dans les domaines des biens et services
essentiels et irremplaçables pour la vie n'a pas incité à réfléchir sur
l'impact négatif profond qu'elle a sur le système de pouvoir et les règles politiques de nos sociétés ainsi
que sur l'abandon des droits humains, la fragilisation de la sécurité
sociale publique, l'atomisation de la
solidarité, la montée des logiques d'exclusion. (2)
Notes
(1)
Résolution du Parlement européen du 28 octobre 2015 sur l'initiative citoyenne
européenne (2014/2257(INI)Cfr)
(2)
Cfr. Riccardo Petrella, Au nom de
l'humanité. L'audace mondiale, Editions Couleur Livres, Bruxelles, 2015,
pp.16-19
Nous recevrons Riccardo Petrella le
11 mars 2016 à la Médiathèque d'Orléans pour une conférence qu'il animera à
partir de 20h30
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