Le collectif "Bassines Non Merci" appelait à la mobilisation lundi 11 décembre 10h au centre de Conférence d'Orléans, pour protester contre les projets de 19 Bassines (réserves de substitution) lors du comité de Bassin de l'Agence de l'eau Loire Bretagne.
Voici
le courrier que ce collectif avait adressé à la Présidente de l’Agence de l’Eau
Loire Bretagne ainsi qu'aux membres du Comité de Bassin Loire-Bretagne:
Madame la Présidente de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne,
Mesdames et Messieurs les membres du Comité de Bassin
Loire-Bretagne,
Nous sommes un collectif composé d’agriculteurs, de pêcheurs, de
simples citoyens ou responsables associatifs et syndicaux, unis dans un
objectif commun d’opposition en l’état au projet de 19 réserves de substitution
sur le bassin de la Sèvre- Niortaise et du Marais Poitevin.
Le but du collectif est de dénoncer l’accaparement de l’argent
public et des ressources en eau par une petite catégorie d’agriculteurs sans
contrepartie pour la société, et de faire la promotion d’un autre mode de
gestion de l’eau et d’un autre modèle agricole.
Nous menons en ce sens un travail actif de sensibilisation de la
population et de sollicitation des élus et des instances gouvernantes.
Nous avons notamment organisé une grande chaîne humaine de 1500
personnes le 11 novembre dernier en plein coeur du Marais Poitevin, pour
matérialiser l’emprise de 18ha de la « méga bassine » d’Amuré et alerter ainsi
sur la démesure de ces projets pharaoniques.
Deux jours plus tôt, le 9 novembre, le Contrat Territorial de
Gestion Quantitative (CTGQ) Sèvre Niortaise – Marais Poitevin qui porte ce
projet particulier de 19 réserves de substitution, venait de faire l’objet du
contrat de subvention n°1146 lors du dernier Conseil d’Administration de
l’Agence, en pleine crise des financements des Agences de l’Eau dont les
budgets ont été une nouvelle fois ponctionnés et remis en cause par l’État.
C’est en partie pourquoi nous avons tenu à ce qu’une petite
délégation d’entre nous fasse le déplacement à Orléans, afin de témoigner de
notre soutien à l’Agence de l’Eau et à ses personnels dans ce contexte tendu,
et de notre reconnaissance de l’intérêt de leurs missions de façon générale en
dépit des projets de bassines que nous dénonçons en l’état.
Nous sommes conscients que l’intégration de dispositions
particulières à l’article 2 de la délibération n° 2017-252 qui contractualise
ce projet, revêtait un caractère exceptionnel et constituait un signal fort de
vigilance et d’encouragement à ce que le contrat quantitatif s’accompagne de
mesures qualitatives concrètes.
Néanmoins ces dispositions ne sont qu’incitatives et ne
représentent en rien à nos yeux une garantie suffisante sur la bonne prise en
compte de ces recommandations par les porteurs du projet, que ce soit en
matière de pratiques ou d’assolements moins impactants qualitativement et
quantitativement sur la ressource en eau, comme en matière de facilitation de
l’installation et de l’accès à l’eau de nouveaux irrigants.
Par ailleurs, nous vous alertons sur l’approche quantitative
biaisée de ces projets qui, bien que se basant sur des références
officiellement définies notamment par la décision préfectorale du 26 octobre
2011, tient compte de volumes prélevables et non prélevés et dans tous les cas
obsolètes et complètement déconnectés de la réalité de ces dernières années. En
effet, si ce CTGQ prévoit bien une baisse des prélèvements par rapport au
volume théorique de référence de 24.3 millions de mètre cube de 2005, il
induira finalement une hausse substantielle des prélèvements annuels avec un
volume total prélevé de 15.7 Mm3 en 2021 (volume cible printemps / été + volume
retenues de substitution) par rapport à la moyenne des prélèvements printemps /
été de 8.43 Mm3 ces 5 dernières années (2012 - 2016).
Ainsi on voit bien qu’il ne peut s’agir que de substitution
théorique, et qu’il est surtout question de développement effectif de l’irrigation
; ceci est particulièrement inquiétant quand on prend en considération l’état
déjà très dégradé des milieux aquatiques sur le bassin ces dernières années et
ce malgré la mise en place des seuils d’alerte et de coupure, et d’autant plus
au regard des prévisions alarmantes du GIEC quant au réchauffement climatique.
C’est pourquoi, en ce jour de Comité de Bassin où va être notamment
présentée l’élaboration du 11ème Programme et du budget des Agences de l’Eau,
nous vous invitons à reconsidérer ce contrat et tous les autres en projet sous
un nouveau jour :
- d’un point de vue qualitatif, en
demandant le renforcement des clauses du contrat n°1146 pour introduire une
vraie écoconditionnalité restrictive, et qu'en l'absence le taux majoré ne
puisse pas être appliqué,
- d’un point de vue quantitatif, en
demandant la réévaluation des volumes de référence et en dénonçant la non
substitution effective par rapports aux prélèvements des 5 ou même 10 dernières
années, ce qui devrait remettre en cause une partie du subventionnement de
l’Agence selon l'instruction ministérielle du 4 juin 2015,
- d’un point de vue social, en
demandant un meilleur partage de l’eau entre tous les irrigants et en
priorisant l’accès à l’eau pour ceux dont les pratiques sont les moins impactantes
pour les milieux et la ressource, qualitativement et quantitativement,
- d’un point de vue financier enfin, en espérant une baisse des
taux de subvention dans le 11ème programme pour les projets similaires qui ne
respecteraient pas l’ensemble des conditions énoncées ci-dessus.
Nous vous remercions pour votre attention et vous prions de croire
en nos sincères salutations.
NO BASSARAN,
Jeudi 21 décembre le collectif a organisé à la Rochelle une manifestation contre les bassines de retenue de l'eau.
- Reporterre a publié à cette occasion un article sur le
collectif et sur les enjeux autour de ces réserves artificielles.
- France 3 Nouvelle Aquitaine a diffusé un reportage sur cette manifestation qui a regroupé une quarantaine de personnes
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire