Cet été l'AgglO et la ville d'Orléans ont rédigé
un communiqué de presse sur les travaux de réhabilitation de la chambre à sable*, ouvrage
d'assainissement datant d’avant guerre, complètement
dépassé et entraînant un rejet direct d’eaux usées dans la Loire 160 jours par
an.
Communiqué de presse de l'AgglO et de la Ville d'Orléans |
Cette pollution chronique de notre fleuve, déjà
dénoncée par le Préfet en 1995, n'a été prise en compte que très récemment par
l'AgglO qui a nié ou minimisé son ampleur pendant des années. Le 24 mai 2013,
par exemple, Monsieur Lemaignen déclarait encore sur France Bleu Orléans qu'il
n'y avait que 30 jours par an de rejets d'eaux usées dans la Loire. Son propre
service d'assainissement en reconnaissait, lui, 167 sur la seule chambre à
sable!
Ce n'est que sous la pression d'Eau Secours qui a
mené une campagne active, abondamment relayée par la presse, auprès des
citoyen-ne-s et des élu-e-s que l'AgglO a fini par reconnaître qu'il y avait un
problème et a décidé de programmer enfin ces travaux.
Nous nous réjouissons bien évidemment de cette
réhabilitation de la chambre à sable mais la réponse apportée par l'AgglO à
cette pollution inadmissible de la Loire n'amenuisera qu'une partie de la
pollution.
Notre réseau d'assainissement lui-même est
défectueux et ne peut traiter la totalité de nos rejets quand il pleut. Il en
est de même par temps sec...!
Rappelons au passage que l'AgglO nous fait payer
la facture d'assainissement la plus chère de France parmi les collectivités de
plus de 100 000 habitants, et ce, pour un service qu'elle n'assure que trop
peu!
Faire des travaux pour limiter les rejets à la
chambre à sable alors que c'est tout le réseau qui est incapable d'absorber les
volumes importants liés à la pluie... ne rien faire à Saint-Jean-de-Braye, à
Saint Jean de la Ruelle et à La Chapelle-Saint-Mesmin où il y a aussi des
rejets importants c'est quand même apporter une réponse bien trop limitée pour ne
plus polluer la Loire.
L'AgglO est experte en com. mais peu diserte sur
ses choix. Admirons quand même sa belle langue de bois quand elle parle de la
réhabilitation de la chambre à sable:
"Situé
à Orléans sous le quai Madeleine, l’ouvrage datant des années 40 n’était plus
adapté aux besoins et ne répondait plus au bon fonctionnement du réseau
d’assainissement de l’agglomération."
Le réseau était déjà vétuste en 1995 ce qui veut
dire que ça fait plus de 20 ans qu'on rejette eaux usées et excréments
directement dans la nature. C'est dégoûtant et illégal:
- dégoûtant, vous n'avez sans doute pas besoin
d'un dessin... mais si vous avez un doute sur ce que nous expliquons vous
pouvez rechercher sur notre blog dans la
rubrique assainissement http://eausecours-orleanais-45.blogspot.fr/search/label/assainissement.
- illégal car d'après Jean-Luc Goubet, qui
s'exprimait dans la République du Centre du 20 juin 2013 en tant que chef de
service à la direction Centre-Loire de l'Agence de l'eau Loire Bretagne, la loi
permet jusqu'à 20 jours de rejets dans la Loire chaque année. N'est-ce pas
quand même 20 jours de trop?
Avec une moyenne de 160 jours de rejets par
an on peut se demander ce qu'a fait
l'Agence de l'eau pendant ces dernières années et ce qu'il faudrait pour que
les associations "environnementalistes" se mobilisent sur ce sujet..
Pour en revenir à la chambre à sable, l'AgglO et
Orléans affirment dans leur communiqué de presse que les travaux réduiront les
rejets de 60 à 70%.
Quelle crédibilité accorder à des personnes qui
ont menti à la presse en mai et juin 2013 et au Conseil Municipal d'Orléans (24
mai 2013). Qu'en sera-t-il réellement des volumes d'effluents rejetés
sans aucun traitement dans la Loire?
Même en admettant ces chiffres, 60 à 70% en
moins, à quoi correspondent-ils?
D'après les affirmations de l'AgglO la chambre à
sable ne pouvait traiter plus d'1
m³ d'eaux usées par seconde, l'excédent se déversant
dans la Loire et occasionnant les 160 jours de pollutions annuelles.
Après les travaux l'ouvrage d'assainissement
pourra traiter 4 m³
d'eaux usées par seconde.
Si on s'en tient à cette com. de l'AgglO, 60 à
70% de rejets en moins, 4 fois plus d'eaux usées collectées.., on peut penser que tout ira pour le mieux...
mais on aurait peut-être tort.
On sait que plus de 700 km de réseaux sont unitaires
mêlant à la fois eaux pluviales et eaux usées.
Mais pour se faire une idée plus précise des améliorations apportées par
ces travaux il faudrait connaître le
lien entre la durée et l'intensité des précipitations, le volume des eaux
collectées dans le réseau d'assainissement et les rejets directs en Loire. Or
ça n'apparaît nulle part dans les différents rapports de l'AgglO sur
l'assainissement.
A-t-on
plus de 20 jours par an des conditions telles que le réseau amène à la chambre
à sable des volumes supérieurs à 4m³ / sec ?
Au vu des pluies de ces dernières années la
réponse coule presque de source: notre système d'assainissement continuera à
polluer la Loire et bien au delà des 20 jours "légaux" surtout quand on ajoute les rejets qui ont
lieu dans les autres déversoirs et ceux qui ont lieu par temps sec et que les
travaux à la chambre à sable ne feront pas disparaître..
Tout ça coûte cher, nous le savons, c'est même le
principal argument avancé par l'AgglO pour justifier sa longue inertie face aux
rejets dans la Loire. Mais pour
l'amélioration indispensable de l'assainissement n’a-ton pas mis la charrue
avant les bœufs en favorisant les multinationales et en endettant massivement
la communauté d'agglomération?
L'AgglO a emprunté près de 60 millions d'Euros pour la
reconstruction et la rénovation les stations d'épuration de la Source et de
l'Ile Arrault. Cet endettement coûte très cher à l'usager qui voit sa facture
s'envoler. Combien rapporte ceci aux multinationales
LYONNAISE-SAUR-VEOLIA associées aux travaux puis à l'entretien et à la gestion
des stations ?
EAU SECOURS participe, enfin, à la Commission Consultative des Services
Publics de l’AgglO pour l’examen du rapport annuel sur l’assainissement. Mais
il nous a été impossible de retrouver cette information dans le rapport synthétique
fourni à la Commission. Nous avons demandé (et obtenu, affaire à suivre...) que
les rapports de chaque délégataire soient examinés de façon détaillée à l’avenir.
En creusant avant la reconstruction de l'Ile
Arrault un bassin d'orage ou un bassin tampon (10 millions d'euros) qui
fluidifie les effluents vers les stations d'épuration on aurait peut-être pu
éviter cette reconstruction (près de 30 millions d'euros) et les frais de
gestion qu'elle occasionne.
Tout est une question de choix et de maîtrise publique de la gestion... Le réseau devait être rénové avant 1995, les Stations
devaient être mises aux normes avant 1998. Il y avait donc largement de quoi étaler dans le temps les dépenses et de
quoi éviter cette gestion catastrophique qui mêle endettement massif, hausse
conséquente des factures, présence accrue des multinationales, absence totale
des usagers dans les décisions et pollution systématique de l'environnement...
On entend proclamer que la gestion de l’eau
potable pourrait bientôt tomber dans les mêmes ornières ! Mais pour nous, sortir
de cette politique affligeante est de l’intérêt de tous et nous nous battons
pour la gestion publique et citoyenne de l'eau.
*La Chambre à Sable
« La chambre à sable est un ouvrage de
prétraitement des effluents dont le rôle est essentiel au bon fonctionnement du
réseau d’assainissement situé en rive droite de la Loire.
Construite en 1942 et modifiée en 1978, la
chambre à sable est aujourd’hui sujette à de nombreux dysfonctionnements. La
vétusté de l’ouvrage ne garantit plus sa fonction de prétraitement, ce qui
engendre de nombreuses difficultés d’exploitation des ouvrages situés à son
aval : postes de relèvement, siphon en Loire et stations d’épuration (la
Chapelle Saint Mesmin et l’Ile Arrault)…
Les contraintes réglementaires relatives à
ce collecteur sont définies dans l’arrêté préfectoral du 4 octobre 1995
autorisant le SIVOM de l’agglomération orléanaise à réaliser la STEP de la
Chapelle Saint Mesmin.
Un courrier du Préfet à l’attention du
Président de l’AgglO, daté du 14 octobre 2009, est venu rappeler les objectifs
fixés dans l’arrêté d’autorisation précité qui n’ont pas encore été atteints
par la collectivité, au premier rang desquels figure la chambre à sable (avec
la menace de suspendre l’exploitation de la station d’épuration de la Chapelle
Saint Mesmin). »(extrait du rapport d’assainissement de l’AgglO 2011)
La chambre à sable - document de l'AgglO et de la Ville d'Orléans |
La
chambre à sable de l’AgglO date de 1942. La population reliée au système
d’assainissement était beaucoup moins importante qu’aujourd’hui.
Elle a
été rénovée en 1978 mais a rapidement montré ses limites.
En 1995
elle devait être mise en conformité avec la réglementation en matière d'assainissement
mais, malgré une mise en demeure du Préfet en 2009 qui menaçait alors de
suspendre l’exploitation de la STEP de la Chapelle St Mesmin rien n'avait été entrepris
jusqu'à maintenant.
La Loire en
a subi et en subit encore directement les conséquences avec ces rejets massifs
d'eaux usées non traitées contre lesquels nous nous sommes mobilisés.
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