La République du
Centre vient de publier samedi 13 février un article de 2 pages sur l’inégalité
face au prix de l’eau. Vous en trouverez une copie ci-dessous.
Cet article qui
relève des différences importantes entre les factures d’eau des usagers des
communes de la Métropole nécessite des explications complémentaires.
Les tarifs publiés qui
correspondent à un instantané dans un environnement évolutif sont réels et il
est difficile de contester ces chiffres tant que le mode de calcul du prix du
m3 sera effectué à partir d’une consommation de 120 m3 ; ce système
permet en effet de biaiser en toute légalité le « prix de l’eau ».
1) Le tarif différencié (pratiqué à Orléans) permet de faire
baisser artificiellement le prix du m3 comme vous pouvez le découvrir
ci-dessous
On pourrait obtenir le
« prix réel de l’eau » si on avait le volume total de l’eau
distribuée aux usagères et aux usagers dans chaque commune et le montant total
des factures que celles-ci et ceux-ci ont versé à la régie ou à l’opérateur..
or ça, on ne l’a pas !
2) Un opérateur privé pour obtenir un contrat ou un marché fait
un prix d’appel très bas, quitte à être à perte localement au début du contrat
ou du marché, ce qui lui permet d’être concurrentiel ou moins cher qu’une régie
qui, elle, est dans l’obligation de fonctionner à prix réel. C’est au cours
du contrat que l’opérateur récupère ses billes en pratiquant des hausses de
tarifs supérieures au coût de la vie.
3) Une régie, qui ne peut pas faire de bénéfice, a tout intérêt
à entretenir régulièrement les réseaux, le matériel pour éviter des variations
de tarifs importantes. La collectivité dont l’eau est en régie agit et sait ce
qui est fait en permanence. La programmation des travaux, des améliorations à
porter se fait au fur et à mesure, en toute transparence.
L’opérateur privé doit
faire des bénéfices. Pour y parvenir sans que la facture s’envole il ne fait
pas ce qui ne se voit pas. On en a eu un bel exemple à Saint-Jean-de-Braye en
2012
Cette situation est
d’autant plus criante quand les collectivités n’ont plus aucun salarié qui suit
ce qui se fait réellement sur le terrain.. ce qui est malheureusement le cas
sur de nombreuses délégations de service public. Ce qui fait foi alors c’est le
rapport de l’opérateur qui raconte ce qu’il veut.
4)
Les concessions qui donnent à l’opérateur privé la gestion
complète d’un service, y compris les gros travaux et les aménagements
reviennent la plupart du temps plus cher aux usagères et aux usagers que les
autres modes de gestion.
Les contrats
d’affermage confient la gestion du service à l’opérateur sans qu’il ait à sa
charge les gros travaux et les aménagements qui sont alors du ressort de la
collectivité. Le prix de revient du service est en général moindre que pour une
concession puisque la collectivité finance une partie de ses travaux et des
équipements, non plus à partir de la facture d’eau mais à partir des impôts de
ses habitants
Quand c’est une régie
qui est à la manœuvre l’intégralité de la gestion, des travaux et des
aménagements est à sa charge.. d’où un prix de l’eau parfois plus élevé que
celui d’un affermage.
5)
Le prix actuel de l’eau dans les communes est très lié à la
situation locale, au captage, à l’état de la nappe dans laquelle on effectue le
ou les prélèvements d’eau. Ce qui joue parfois de manière notable sur les
prix..
Pour résumer :
-
les communes du nord-ouest de la métropole subissent ou ont
subi des pollutions d’origine agricole (nitrates et pesticides).
Ce sont les habitantes et les
habitants de ces communes, et non les agriculteurs, qui paient les conséquences
de ces pollutions ! A Ingré les factures d’eau se sont ainsi accrues de
pas loin d’1€ par m3.
-
Les communes au nord et à l’est d’Orléans (de Fleury à
Mardié) captent de l’eau souterraine provenant de la forêt d’Orléans. Elle est
exempte de pollutions agricoles et industrielles. Le traitement avant
distribution est absent ou léger et demande peu d’équipement.
Saint-Jean-de-Braye qui est
en régie depuis 2012 a choisi de maintenir un tarif dans la moyenne, stockant
30% de ses recettes afin de construire une usine pour rendre l’eau du robinet
moins calcaire.
-
les communes au sud d’Orléans qui ont leurs captages sur le
coteau de Sologne reçoivent une eau aux qualités identiques à celle des
communes dont l’eau provient de la forêt d’Orléans.
-
Orléans a des captages dans la nappe alluviale (eau
souterraine provenant de la Loire et qui circule dans des calcaires
karstiques). L’eau est donc parfois loin des critères de qualité. C’est
pourquoi Orléans a installé une usine, l’usine du Val, qui par le biais d’une
ultrafiltration « nettoie » l’eau. Ce procédé, efficace et coûteux,
est répercuté sur l’ensemble des clients de l’Orléanaise des Eaux.. ce qui,
compte-tenu du nombre de personnes desservies, ne nuit pas trop à la facture d’eau..
et ce d’autant moins qu’Orléans vend à prix fort de l’eau à Saint-Jean-le-Blanc, Saint-Denis-en-Val, Saint Jean
de la Ruelle et Saint-Pryvé qui ont leurs captages pollués ou qui n’ont pas de
captages.
L’article qui ne tient pas compte de tous ces paramètres est malheureusement
réducteur et, en le lisant, on se dit que Veolia c’est « super »
alors que c’est un super prédateur qui ne supporte aucune concurrence (cf. ce
qui se passe entre Suez et Veolia) et qui une fois installé enrichit grassement
ses actionnaires au détriment des usagers (cf. ce qui s’est passé à Olivet
quand Veolia gérait l’eau potable de la commune).
Cela dit résumer
une régie uniquement au tarif qu’elle propose ce serait de notre part oublier qu’elle peut et doit
être un espace de liberté, de solidarité et dont les décisions et la gestion
doivent être effectuées en toute transparence. Ca, un opérateur privé ne peut
l’assurer..
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La République du Centre - le 13 février 2021 |
Pétition en ligne pour une gestion publique et citoyenne de l’eau
https://aleaucitoyenneorleans.wesign.it/fr