LE MONDE | • Mis à jour le | Par Stéphane Lauer (New York, correspondant)
Le groupe français Veolia
est poursuivi par la justice américaine dans le cadre du
scandale de l’empoisonnement de l’eau de la ville de Flint, dans le Michigan.
Le procureur général de l’Etat a annoncé la décision, mercredi 22 juin,
accusant l’entreprise de négligence et d’avoir exacerbé une situation déjà
critique. Un concurrent américain de Veolia, Lockwood, Andrews & Newnam
(LAN) fait lui aussi l’objet de poursuites au civil.
Lire le reportage : A
Flint, du plomb dans les têtes
Très vite, les habitants ont commencé à se plaindre de la couleur et du goût de l’eau, tandis que certains souffraient de vomissements et d’éruptions cutanées. Après dix-huit mois de mobilisation, les citoyens sont parvenus à faire éclater la vérité : extrêmement corrosive, l’eau de la Flint River a rongé le réseau d’approvisionnement, libérant du plomb et exposant ainsi les enfants et les femmes enceintes au saturnisme.
La ville avait fait appel à Veolia en 2015. Selon la justice, le groupe français n’a pas réussi à détecter l’apparition des problèmes de corrosion des canalisations. Le procureur reproche même à Veolia d’avoir décidé de rajouter un chlorure, qui n’aurait fait qu’aggraver le problème.
« Des allégations injustifiées » pour le groupe français
Le groupe s’est défendu vigoureusement, mercredi, contre « des allégations injustifiées ». Veolia souligne qu’un groupe de travail missionné par M. Snyder a pointé de façon claire la responsabilité de l’Etat dans cette crise, et qu’il n’a même pas mentionné l’entreprise, ou lui a adressé des reproches. « Le procureur général n’a pas discuté avec Veolia de son implication à Flint, n’a pas questionné les experts du groupe ou posé des questions sur notre contrat ponctuel d’un mois à Flint », insiste l’entreprise française, ajoutant que « l’implication de Veolia avec la ville n’avait aucun rapport avec les problèmes de plomb actuels ». Le groupe affirme qu’il n’avait pas été mandaté pour tester la teneur en plomb, et que ce travail a été confié à une autre société.Même défense du côté du groupe LAN, qui estime que la justice a « mal interprété » le rôle joué par la société. La décision de ne pas contrôler le niveau de corrosion incombe à la municipalité et aux autorités de l’Etat, insiste LAN, qui affirme même que la société avait poussé l’administration à réaliser ces tests, en vain. Les services de la qualité de l’eau du Michigan avaient en effet soutenu qu’il n’y avait besoin d’ajouter un anticorrosif qu’après une année de tests.
Stéphane Lauer Correspondant à New York
Dimanche
3 juillet
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