lundi 19 août 2019

« Nous venons de subir deux canicules sévères, mais nous n’agissons pas »


Encore des histoires d'eau !

Pour la chercheuse en hydro-météologie, Florence Habets, nous devons tous et toutes faire le maximum pour laisser les pluies venir recharger les réserves d'eau des sols et des nappes profondes (les deux réservoirs naturels importants sur le long terme)
  • Ne pas artificialiser les terres (bitumage et bétonnage) même à Olivet (Zac du Centre Bourg) et sur la métropole maintenir la continuité hydraulique des sols et le couvert végétal boisé entre les bâtiments. Il y a urgence : la Loire est en danger  et nous aussi avec toutes les centrales qui comptent sur son eau pour refroidir leur cœur radioactif
  • ne pas tasser le sols pour maintenir leur porosité naturelle acquise au cours de siècles et de millénaires par l'action du climat  cycles d'humectation - dessication) et de la biodiversité (flore, faune, microbio. ) abritée dans le sols.
  • arrêter la déforestation pour l'huile de palme pour nos bagnoles
  • arrêter les cultures demandant de l'irrigation. Les agriculteurs font de la résistance voire de l'entêtement à garder les méthodes dépassées !

Michel






 « Nous venons de subir deux canicules sévères, mais nous n’agissons pas »

Chercheuse en hydrométéorologie, Florence Habets prévient que les sécheresses vont « augmenter en intensité, en superficie et en durée ».
Propos recueillis par Martine Valo


Florence Habets est directrice de recherche CNRS en hydrométéorologie et professeure attachée à l’Ecole normale supérieure. Elle préside le conseil scientifique du comité de bassin Seine-Normandie.



Qualifieriez-vous la situation à l’été 2019 comme particulièrement sévère du point de vue du manque d’eau et de l’état des nappes souterraines ?


Le niveau des nappes est assez bas et l’aridité des sols est très marquée, même si la situation s’annonce moins grave qu’en 2017 dans le nord de la France. Les précipitations actuelles vont soulager la végétation, mais ne suffiront ni pour les rivières ni pour les nappes, car l’hiver a été sec. Il a surtout plu en mai, ce qui n’est pas efficace pour la recharge des nappes.
Nous commençons à travailler sur des prévisions à six mois sur ce sujet et nous savons déjà que les trois prochains mois devraient être chauds et secs. Aussi la question est surtout de savoir quand le manque d’eau va prendre fin. En octobre ? En novembre ? En 2018, des préfectures ont pris des arrêtés sécheresse jusqu’en décembre.



La France n’est pourtant pas le pays le plus touché en Europe…


En effet, mais, avec le changement climatique, l’occurrence des sécheresses va augmenter en intensité, en superficie et en durée. Or la France n’a pas la culture de ce phénomène. En 2018, ce sont des régions peu habituées au manque d’eau qui ont été les plus touchées : la Bourgogne, la Franche-Comté, l’Artois, la Picardie… Le territoire de Belfort, notamment, a failli être approvisionné par camions. Pourtant, les habitants n’ont pas changé leurs habitudes, comme savent le faire les Espagnols en cas de pénurie. Dans le Doubs, de nouveau touché cette année, l’eau de cette rivière s’est même enfoncée dans la nappe. Les hydrologues n’aiment pas ce phénomène à cause de possibles contaminations par des polluants.



Les agriculteurs et les élus sont nombreux à réclamer des moyens pour garder l’eau en hiver afin de l’utiliser en été. Est-ce une bonne réponse au changement climatique ?


Non, cela ne peut être qu’une solution de dernier recours. D’abord parce qu’augmenter nos capacités de stockage avec l’idée que nous pourrons poursuivre les mêmes activités, les mêmes cultures aux rendements fantastiques, est un leurre. Nos pratiques agricoles ne sont pas adaptées au changement climatique. Cela peut constituer par ailleurs une appropriation de la ressource hydrique par l’agriculture intensive, alors que les tensions sur l’eau vont devenir plus fortes à l’avenir. En outre, le remplissage de ces infrastructures en automne peut contribuer à augmenter la durée des pénuries.
Ensuite, construire des barrages coûte cher et ceux-ci occupent des surfaces prises sur des zones humides, des terres agricoles, des forêts, contribuant à l’artificialisation des sols… En France, il y a les grandes « bassines », qui continuent à être installées en Poitou-Charentes et le barrage litigieux de Caussade. Or l’eau à l’air libre chauffe et s’évapore, surtout lorsqu’elle est peu profonde, précisément au moment où l’on en a le plus besoin, l’été. Il y a quelques années, en Californie, des millions de boules en plastique avaient été jetées dans un vaste réservoir pour freiner ce phénomène.



Les grands barrages sont-ils plus pertinents ?


Ils le sont lors de courtes sécheresses, mais, pour les épisodes pluriannuels, les grandes infrastructures peuvent avoir des effets pervers, car elles favorisent l’usage excessif de la ressource. Leur présence rassure a priori, du coup on prend des mesures d’économie trop tard et le temps nécessaire pour les remplir de nouveau prolonge la pénurie. Des enquêtes en Chine, en Espagne, aux Etats-Unis ont montré que, lors de longues sécheresses, les rivières dotées de ce genre d’infrastructures souffrent davantage que les autres.



N’y a-t-il donc aucune solution ?


Le moyen le plus efficace de garder la ressource hydrique, ce sont les nappes et les sols qui se gorgent de volumes conséquents et les transfèrent vers le sous-sol. Nous savons ce qu’il faut faire à leur égard, mais nous ne le faisons pas. Les moyens d’améliorer le stockage de l’eau dans la nature sont les mêmes que pour lutter contre les nitrates : planter des haies, protéger les zones humides, arrêter l’artificialisation des terres… Nous venons de subir deux canicules sévères, mais nous n’agissons pas. Acheter un climatiseur ne va pas résoudre le problème ! Même les conifères de la forêt de Fontainebleau sont en train de mourir parce que le manque d’eau les empêche de se défendre contre certains insectes… Le changement de mentalité devrait arriver plus vite. Dans dix ans, on aura perdu beaucoup.



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