jeudi 10 janvier 2019

Eau: qu'apporte la Métropole à ses habitants?




Le respect des usagers et citoyens ?

Rappelons que le passage en Communauté Urbaine puis en Métropole s'est fait sans l'aval des citoyen-ne-s et sans (re)définition précise de la politique que mènerait cette collectivité aux pouvoirs très élargis.

La Métropole prétend souvent agir au nom des habitants mais que fait-elle pour les informer de ses projets, de ses décisions. Dans le domaine de l’eau par exemple : à quel moment les associe-t-elle à l'élaboration de sa politique? Qu'on ne nous fasse pas le coup de la représentativité et responsabilité élective : quel élu métropolitain a été élu en affichant dans son programme que notre service d’eau potable, par exemple, serait géré en régie ou confié au privé. Et pourtant voilà qu’elle décide de confier à VEOLIA l’eau des 9 villes qui avaient décidé de rester jusqu’ici en régie publique.  

Ceci démontre bien à quel point les citoyens ont perdu toute voix au chapitre: des communes restant leurs seules interlocutrices mais sans aucun pouvoir !  

La Métropole dans son fonctionnement actuel, éloignant de fait les citoyen-ne-s de celles et ceux qui décident, favorise chez beaucoup d'élus un entre-soi bien peu démocratique. 


Les instances actuelles de la Métropole où les usagers peuvent s'informer:

Le Conseil Métropolitain:
Une douzaine de personnes seulement ont assisté au dernier conseil Métropolitain grandement consacré aux budgets, donc à la politique qui sera menée ces prochaines années dans les 22 communes qui constituent la Métropole. Ça montre l'intérêt des citoyens pour cette instance dont les décisions ont pourtant des répercussions si importantes dans le quotidien.

Ce désintérêt des habitants a quand même quelques explications autres que celle de l'éloignement :
  - Lorsque la Métropole se réunit, on peut avoir l'ordre du jour sur son site internet (partagé avec celui de la Ville d'Orléans !) mais, jamais, et ce contrairement à Saint-Jean-de-Braye par exemple, les documents qui seront discutés ou votés.
  - Lors du Conseil Métropolitain, de nombreux points ont été discutés en amont et déjà "décidés", ce qui peut sembler logique, mais, pour l'usager qui essaie de comprendre, c'est compliqué de rester motivé quand il n'y a ni les documents, ni discussion ou débat..
 

La CCSPL: (commission consultative des services publics locaux)
La CCSPL doit examiner chaque année les rapports d’industriels (ex SUEZ ou VEOLIA) auxquels a été déléguée par contrat la gestion d’un service public: c’est une obligation réglementaire.

Les membres de la CCSPL étudient les contrats, des rapports, des dossiers... donnent leur avis, peuvent poser des questions mais la Collectivité n'est pas obligée d'y répondre.

Eau Secours fait partie de la CCSPL de la Métropole et il faut noter que celle-ci s'est souvent montrée très coopérative avec notre association en organisant des réunions pour répondre de façon assez détaillée à nos nombreuses questions.

Il faut bien noter que lorsque la collectivité attribue au privé l’exécution d’un service par un marché public, celui-ci peut échapper à tout contrôle de la CCSPL. Ce fut le cas, jusqu’à cette année, pour 5 des 6 stations d’épuration des eaux usées, attribué par marché à VEOLIA.
 On y reviendra tout à l'heure...

Mais la CCSPL n’intervient qu’à posteriori, après les décisions de la Métropole. Il n’existe aucune structure qui fasse intervenir réellement les usagers en amont des décisions.



Une mainmise du privé sur l’eau potable des 22 villes de la métropole ?

Au cours des différentes rencontres qu'Eau Secours a eu avec l'Aggl'O devenue Communauté Urbaine puis Orléans-Métropole, les élus et responsables des Services Eau et Assainissement ont indiqué qu'ils travaillaient à une réorganisation complète des deux services qui prendrait effet le 1er janvier 2024 et que, jusqu'à cette date, les modes de gestion de l'eau et de l'assainissement ne seraient pas remis en cause.

La métropole a décidé de tourner le dos à cet engagement  


Le 1er janvier 2018 il y avait 11 communes en DSP et 11 communes en régie.

Aujourd’hui :
- Marigny et Chanteau qui étaient en régie sont passés dans l'escarcelle de Veolia par le biais d'une DSP..
- La Métropole a confié à Veolia, à l'aide d'un marché qui a pris effet le 1er janvier 2019, la gestion de l'eau des 9 villes qui étaient encore en régie.


Les marchés échappant à la CCSPL, Eau Secours n'a pas été informé par la Métropole de cette privatisation de fait. 


Après ses déboires à Olivet, voilà que Veolia fait un retour fracassant dans notre Métropole.  Elle qui ne détenait plus que la gestion de l'eau potable d'Ormes, gère maintenant directement ou par l'intermédiaire d'un marché 16 et bientôt 17 communes. Le reste du "gâteau métropolitain", soit 5 communes dont Orléans et Olivet, reste entre les mains de l'Orléanaise des Eaux - Suez (groupe Engie).

Quant à l'assainissement, la même "recette" favorisant la mainmise de groupes privés sur sa gestion est déjà à l'œuvre avec la volonté de tout mettre en concurrence pour favoriser l'activité des entreprises et celle de diminuer le nombre d'emplois publics (donc des compétences) au sein de ce service.


EAU SECOURS ne laissera pas faire cette mort annoncée d’un service public essentiel : il en va du devenir à moyen terme du bien commun qu’est notre eau potable


Si les SUEZ-VEOLIA etc. sont maintenant présentes en force, c’est aussi que les  tenants du privé, adeptes de la concurrence à tout prix ne semblent pas supporter la concurrence des régies. EAU SECOURS dénonce ces positions dogmatiques qui conduisent de fait la collectivité à n’avoir plus aucune maîtrise de services publics essentiels, l’exemple en a été donné avec VEOLIA à Olivet.  Où sont les élus défenseurs des services publics? Que font-ils pour les protéger?

Pour les pragmatiques de tout bord qui se fieraient uniquement aux tarifs pour confier leur service public "eau" au service du privé nous les renvoyons à une étude (Gagner plus... en baissant les prix!)  publiée à la fin de cet article qui montre qu'on peut obtenir un prix de l'eau très bas tout en augmentant les bénéfices pour le gestionnaire.


Que peut-on faire?

En dehors de la colère contre des gens qui n'ont pas de parole, on peut se poser la question de savoir qui dirige vraiment la Métropole? 
- un élu qui est aux manettes et qui récuse dogmatiquement une gestion en  régie pour le service public?
- les multinationales?..
... en tout cas, pas les usagers qui sont à chaque fois mis devant le fait accompli!


Quand les usagers,  qui paient absolument tout y compris les bénéfices des grands groupes de l’eau, seront-ils consultés au sujet de la privatisation de leur bien commun?


Depuis plusieurs semaines, des citoyen-ne-s en grand nombre, "gilets jaunes" ou non, des femmes et des hommes politiques pointent le défaut de démocratie de nos institutions qui reposent uniquement sur une démocratie élective. A quand la prise en compte de ce besoin de démocratie, appelée de vigilance citoyenne, dans notre métropole

Les choix faits et à faire pour les services publics de l’eau illustrent ces défauts de démocratie:
- Quand y-a-t-il eu un réel débat citoyen et à quel titre la métropole serait-elle autorisée aujourd’hui à considérer que ce bien commun n’est qu’une marchandise vendue au plus offrant ?
-  Quel est l'avenir des services Eau et Assainissement avec ce qui est déjà depuis le 1er janvier une remise en cause de leurs compétences alors qu'ils peuvent assurer le travail confié à Suez et Veolia. Faute de compétences par des suppressions de postes, seront-ils même incapables demain d’exercer quelque contrôle que ce soit sur un service public aussi essentiel ?



QUE FAIRE devant une telle perspective ?

Seuls une mobilisation citoyenne, une campagne de presse importante, un réel débat public ou une campagne politique pourront inciter les élus Métropolitains à abandonner leur projet néfaste.

 C’est ce que EAU SECOURS, avec d’autres associations soucieuses de préserver l’avenir, vous propose, avec une première réunion publique qui se tiendra le vendredi 1er Février à 20H30  salle de la Cigogne. 




Vous y êtes cordialement invité-e-s
          Eau Secours